Pour Alioune Tine, fondateur du think tank AfrikaJom Center, la justice pénale est instrumentalisée dans plusieurs pays africains, notamment au Bénin, pour écarter de la course à la présidentielle, des prétendants gênants.
Alioune Tine fustige les résultats des dernières élections présidentielles au Bénin, en Côte d’Ivoire et en Guinée
Connu pour son franc-parler, surtout sur les questions touchant à la pratique de la démocratie en Afrique, le Sénégalais Alioune Tine n’a pas dérobé à sa logique. Interrogé par Tv5 monde sur les cas en Côte d’Ivoire, en Guinée et au Bénin, notamment sur la crédibilité des dernières élections présidentielles tenues dans ces pays, l’ex-directeur Afrique de l’Ouest d’ Amnesty international, s’est voulu clair. « Il ne faut pas se limiter à ces pays. Nous assistons à une régression globale de la démocratie sur le continent », a-t-il déclaré.
Alioune Tine relève qu’il y a une véritable crise de l’exercice minimal de la démocratie en Afrique du fait des « règles du jeu qui sont pipés ». Le défenseur des Droits de l’Homme, en veut pour preuve, les dernières élections présidentielles qui se sont déroulées au Bénin, sans la participation de candidats sérieux de l’opposition. Les dossiers de candidatures de ces derniers ayant soit été rejetés par l’organe électoral ou soit les candidats ont été contraints à l’exil.
« Les gens s’appuient et instrumentalisent la justice pénale pour écarter certains membres de l’opposition. C’est ce qui se passe au Bénin (avec des compétiteurs sérieux). Réckya Madougou , Joël Aivo et bien d’autres sont en prison », a dénoncé Alioune Tine. Outre le Bénin, le chercheur sénégalais pointe également du doigt les cas ivoirien et guinéen, où les dernières élections présidentielles ont été tout sauf démocratiques.
Pour ce membre de la Coalition citoyenne pour le Sahel, l’on assiste plutôt en Afrique à des démocraties sans opposition. Les « 1 coup KO dès le premier tour », sont devenus des situations inédites dans plusieurs pays du continent. C’est le cas en Côte d’Ivoire où la dernière élection présidentielle a été remportée par le président sortant, Alassane Ouattara, avec 94,27% des suffrages exprimés.