Ibrahim Boubacar Keïta dit IBK a accordé, ce lundi 10 février 2020, une interview aux confrères RFI et France 24, au cours de laquelle il n’a pas manqué de relever les incohérences des forces françaises dans la lutte contre le terrorisme dans le Nord-Mali.
Terrorisme, IBK dénonce les « incohérences » des forces françaises
La zone sahélienne, comprise entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, est aux prises à des attaques terroristes régulières qui l’ont totalement défigurée. Et pourtant, la Force française Barkhane, ainsi que les forces américaines sont engagées aux côtés des armées de ces pays ci-dessus mentionnés pour combattre ce fléau.
Ibrahim Boubacar Kéita, président malien, en marge du Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, a profité de la tribune à lui offerte par des médias français pour cracher ses vérités aux coalitions internationales engagées dans la lutte contre le terrorisme. « Le Sahel est dans une situation très préoccupante », a reconnu d’entrée le Président IBK, avant d’ajouter : « Ces derniers mois, nous avons senti comme une sorte d’aguerrissement des forces adverses. Nous avons senti comme une sorte de maîtrise du terrain. »
Le chef de l’État malien ne comprend donc pas « ce qui ne fonctionne pas très bien dans le dispositif d’aujourd’hui qui fait que nous soyons perméables dans les attaques lancées contre nous ? Et ce, malgré la mobilisation interne et de nos alliés. »
Aussi, recevant le Congrès américain, le locataire du Coulouba a-t-il exprimé sa grande déception quant à la manière dont les forces françaises ont lancé leurs offensives contre les groupes jihadistes de l’Azawad (Nord-Mali): « J’ai dit que je ne peux pas comprendre qu’ayant fait les efforts que l’on sait au plan mondial, que l’on ait mobilisé une coalition mondiale pour lutter contre le terrorisme, et que cette lutte n’étant pas terminée, l’on débande les forces en un lieu où cela peut rebondir encore de manière fabuleuse et fâcheuse. Cela ne semblait pas tout à fait de grande cohérence. »
Notons qu’en janvier 2013, l’armée française lançait l’opération Serval, en soutien aux FAMa, Forces armées maliennes, pour repousser une offensive des groupes armés terroristes qui ont pris le contrôle de l’Azawad. François Hollande, le Président français d’alors, indiquait que cette opération militaire avait pour buts d’arrêter l’avancée des forces jihadistes en direction de Bamako, sécuriser la capitale malienne et permettre au pays de recouvrer son intégrité territoriale. Mais contre toute attente, l’armée française a stoppé ses frappes aux portes de Kidal, base arrière des forces adverses.
C’est donc cette incohérence que dénonce IBK, qui estime pourtant que ses alliés disposent des moyens nécessaires pour parfaire la libération de son pays en vertu de l’accord de défense franco-malien. Le président malien annonce dans la foulée son intention d’ouvrir un dialogue direct avec les chefs jihadistes Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa afin de ramener la paix dans son pays.