Le Conseil national de sécurité a entériné la dissolution de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) et d’autres organisations syndicales. Cette décision, prise le 17 octobre 2024 et qui marque un tournant pour l’enseignement supérieur ivoirien, fait suite à une série d’événements troublant la vie universitaire, notamment l’assassinat de deux étudiants.
Côte d’Ivoire : la FESCI dissoute, l’État reprend le contrôle des campus
Les dernières semaines ont été marquées par une recrudescence de violences sur les campus ivoiriens. L’assassinat de deux étudiants (Khalifa Diomandé et Agui Mars Aubin Deagoué), membres de la FESCI, a constitué le détonateur d’une crise sans précédent. Les autorités ont rapidement mis en cause le syndicat étudiant, accusé d’être à l’origine de troubles à l’ordre public.
Face à cette situation, le gouvernement ivoirien a décidé de sévir. Ainsi, réuni sous la présidence du chef de l’État Alassane Ouattara, le Conseil national de sécurité a validé la dissolution de toutes les associations syndicales estudiantines, dont la puissante FESCI. Et ceci, sur proposition du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. À cet égard, le président de la République a instruit le Premier ministre à l’effet de prendre les dispositions pour la mise en œuvre de ces mesures. Cette décision vise à mettre un terme aux violences et à rétablir l’ordre sur les campus.
De nombreuses découvertes effectuées lors des opérations de démantèlement
Dans le même temps, les forces de l’ordre ont mené de vastes opérations de démantèlement dans les cités universitaires. Environ 5000 individus irrégulièrement logés dans les cités universitaires d’Abidjan, de Bouaké et de Daloa ont été expulsés, de nombreuses armes ont été saisies et les locaux de la FESCI ont été détruits. Selon le communiqué final du Conseil national de sécurité, plusieurs arrestations ainsi que des déferrements ont été effectués.
L’arrestation et le déferrement au parquet d’Abidjan Plateau de 17 étudiants, dont Kambou Sié, secrétaire général de la FESCI dans le cadre des enquêtes sur les assassinats des deux étudiants, sont notés. Ainsi, 28 autres étudiants ont été interpellés et déférés, suite aux opérations de déguerpissement menées dans les cités universitaires d’Abidjan et de Bouaké.
Au cours de sa communication, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur a proposé diverses mesures, notamment la réhabilitation par étape des anciennes universités, grandes écoles publiques et cités universitaires, ainsi que la réattribution des chambres universitaires, en fonction d’un processus d’admission et de réadmission qui devra prendre en compte des critères tels que les résultats académiques, l’âge et la vulnérabilité sociale.
La dissolution de la FESCI marque la fin d’une longue histoire. Fondée dans les années 1960, cette organisation a joué un rôle majeur dans la vie politique ivoirienne. Sa disparition suscite de nombreuses interrogations sur l’avenir du syndicalisme étudiant en Côte d’Ivoire. Cette décision gouvernementale s’inscrit dans une volonté de réformer le système universitaire ivoirien et de lutter contre l’insécurité. Si elle est susceptible de rétablir le calme sur les campus, elle soulève également des questions sur les libertés académiques et le droit de manifester.