Suite à la chute du régime d’el-Assad et à l’avancée des forces rebelles, la Russie semble aujourd’hui se retirer de ses bases militaires de Tartous et de Hmeimim. En effet, plusieurs sources évoquent une évacuation d’un nombre conséquent de ses 21 bases et 93 postes d’observation militaire en Syrie. Or, la perte de ses deux sites les plus stratégiques, Tartous et Hmeimim, affaiblirait substantiellement les capacités de projection russe, notamment sur les théâtres africains.
Tartous et Hmeimim : que deviennent les hubs logistiques russes au Sahel ?
La base navale de Tartous offrait à Moscou un accès unique à la Méditerranée. Elle a vu le départ précipité de trois frégates, d’un sous-marin et de matériels militaires stratégiques. En effet, la flottille méditerranéenne de la Russie composée du sous-marin diesel de classe Kilo Novorossiysk, du pétrolier de classe Kaliningrad Vyazma, de la frégate de classe Admiral Grigorovich et une frégate de classe Admiral Gorshkov ont quitté le port de Tartous entre le 7 et le 9 décembre. Les récents développements présagent l’éventuel retrait des forces russes. L’évacuation des navires de Tartous, confirmée par des analyses satellitaires, illustre non seulement l’impuissance de Moscou face à la menace rebelle, mais aussi sa difficulté à maintenir des infrastructures critiques sous pression militaire.
La base aérienne d’Hmeimim, située à proximité de Lattaquié, était la vitrine des opérations aériennes russes. Elle est désormais à portée des drones rebelles. Le gouvernement russe n’a même pas tenté de préserver son intégrité, préférant se retirer pour limiter les pertes. Ces retraits précipités mettent en évidence la fragilité de la stratégie militaire russe et son impréparation face aux risques.
Un coup à ses ambitions africaines et mondiales
Pour la Russie, les hubs stratégiques de Tartous et Hmeimim, situés en Syrie, constituaient des centres névralgiques pour l’acheminement de matériel militaire, l’envoi de mercenaires et la coordination logistique. La chute du régime de Damas prive la Russie de certaines infrastructures logistiques essentielles pour ses opérations en Afrique. Incapable de soutenir ses alliés au Sahel, Moscou voit sa stratégie s’effondrer et son influence s’éroder.
La chute du régime d’el-Assad pénalise la stratégie opportuniste et néocoloniale de la Russie sur le continent africain. Cette situation pourrait ainsi conduire Moscou à réévaluer sa présence en Afrique, où ses opérations reposent sur des infrastructures désormais fragiles. Les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) pourront-ils toujours autant compter sur leur allié russe dans les prochains mois ?
L’annonce récente du Collège des Chefs d’Etat de l’AES concernant « des opérations de réorganisation et de regroupement de groupes terroristes dans le bassin du Lac Tchad, dans le Sahel et dans certaines zones frontalières avec les voisins » semble indiquer une dégradation sécuritaire importante dans la sous-région. Qu’en sera-t-il avec un potentiel arrêt du soutien logistique et militaire russe ?
Fleur KOUADIO (Collaboratrice)