Alassane Ouattara, face à la grogne sociale, a abandonné son idée de l’annexe fiscale 2018. La mesure impopulaire retourne au fond du placard définitivement
Alassane Ouattara en pleine reculade sur l’annexe fiscale 2018
Le pouvoir Alassane Ouattara continue de jouer avec les nerfs des Ivoiriens et plus précisément ceux des opérateurs économiques. Après l’histoire de la taxation par la douane d’effets personnels, et tout récemment le décret de la limitation de l’âge de véhicules importables en Côte d’Ivoire, l’économiste qui voulait transformer la Côte d’Ivoire a dû se livrer à une magnifique reculade.
L’annexe fiscale 2018 adoptée par son gouvernement en conseil des ministres est elle aussi abandonnée. Il faut dire que la mise en garde de Jean Kacou Diagou, le principal homme d’affaires ivoirien, contre ce décret a porté ses fruits. Ce dernier avait déclaré : «Toutes les taxes instaurées dans cette annexe fiscale ne feront que faire fuir les entreprises. Au mieux, certaines s’installeront dans l’informel afin d’échapper à la pression fiscale».
Le propriétaire du groupe Nsia dénonçait ce décret élaboré sans la consultation « du patronat » ivoirien. Il faut croire que sa voix porte puisque cette sortie médiatique de l’homme habituellement discret a amené le président Alassane Ouattara à suspendre ce décret sur « l’annexe fiscale 2018 » qu’il vient d’abandonner de façon définitive.
Le Président Alassane Ouattara renonce à l’annexe fiscale 2018
Le président ivoirien a déclaré : «Moi je suis très ouvert à condition que ce soit dans l’intérêt de la nation. Comme vous avez vu, l’annexe fiscale bien qu’ayant été adoptée par le Conseil des ministres, j’ai demandé qu’elle soit suspendue et revue pour être conforme à l’orientation que nous avons dans notre pays.» Veut-il être remercié pour ce décret que son gouvernement n’aurait jamais dû prendre ?
Puisque la pression dans le monde du travail n’est jamais retombée sur le sujet, le président, comme c’était prévisible, a été obligé d’abonner cette idée. Les actifs du monde du transport et surtout les Ivoiriens espèrent aussi qu’il fera de même sur le décret d’importation de véhicules en Côte d’Ivoire. Autrement, les prix du transport devraient augmenter dans le pays dans les semaines à suivre.
Plutôt que de renforcer les conditions des contrôles techniques de véhicules présents sur le sol ivoirien pour contenir la pollution, le gouvernement de Côte d’Ivoire, pays non-fabricant, même d’une bicyclette, refuse de recevoir sur le territoire des véhicules vieux de plus de 5 ans. À l’opposé, les pays fabricants de véhicules autorisent l’usage parfois jusqu’à plus de 20 ans.
De gros doutes sur la capacité du régime actuel à sortir les Ivoiriens de leurs difficultés quotidiennes se font jour. Avec les récentes révélations de La Lettre du Continent, sur la dette contractée par Abidjan pour payer les fonctionnaires, l’inquiétude que ne peut plus contenir la curieuse croissance à deux chiffres grandit.