Dans une déclaration le samedi 7 septembre 2019, Kandia Camara a fait savoir que la grève est interdite au lycée d’excellence Alassane Ouattara de Grand-Bassam. Suite à cette sortie de la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, Théodore Zadi Gnagna fait des mises au point.
Zadi Gnagna répond à Kandia Camara
« La grève est interdite dans cet établissement (lycée d’excellence Alassane Ouattara de Grand-Bassam, NDLR)) parce qu’il sera question de respecter le temps d’apprentissage pour la formation de très hauts cadres de notre pays », affirmait Kandia Camara le samedi 7 septembre 2019. Il n’en fallait pas plus pour faire réagir Théodore Zadi Gnagna. Ci-dessous sa réaction publiée sur les réseaux sociaux :
Le Droit de grève n’est pas à géométrie variable !
Mme la ministre de l’Éducation nationale a affirmé ce samedi 7 septembre 2019 que la grève est interdite au lycée d’excellence Alassane Ouattara de Grand-Bassam. Une telle déclaration mérite de notre part quelques mises au point.
La grève est un droit inaliénable de tout travailleur contenu dans les Conventions 87 et 98 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, ratifiées par notre pays depuis 1961. Or, la ratification soumet tout pays à une obligation d’application absolue de ces conventions, sous peine de sanction.
La déclaration de la ministre de l’Éducation nationale de façon publique met donc notre pays au banc de l’Organisation internationale du travail. Car elle remet en cause les engagements internationaux de notre pays en matière de respect des libertés syndicales, qui étaient déjà mises à mal par l’arrêté du même ministre sur l’interdiction du syndicalisme aux directeurs d’école et la suspension continue des salaires des premiers responsables de la CNEC.
Le droit de grève est en plus reconnu depuis 2000 en Côte d’Ivoire comme un droit constitutionnel. En conséquence, une déclaration d’un ministre ne peut remettre en cause ce droit. Même s’il est vrai que ce droit n’est pas absolu, car pouvant connaître des restrictions, il est tout aussi vrai que les restrictions au droit de grève sont contenues dans la loi ou des décrets pris à cet effet. Ainsi, en Côte d’Ivoire par exemple, les Forces de défense et de sécurité n’ont pas le droit de grève. Certaines corporations sont par ailleurs astreintes au service minimum (Santé, Communication, Pompes funèbres, Service de ramassage d’ordures, etc).
Les enseignants, quels que soient leurs lieux d’exercices ne sont nullement concernés par les deux cas de figure de restriction du droit syndical. C’est pourquoi aussi longtemps que les problèmes qui font l’objet de grève dans le secteur éducatif vont perdurer, les enseignants de tous les lycées et collèges de Côte d’Ivoire se verront obligés de respecter les mots d’ordre de grève de leurs syndicats, car ils seront bénéficiaires des retombées de ces luttes.
En revanche s’ils ont un statut particulier et il faut un décret pour cela, avec des salaires particuliers et des bulletins de salaire différents, alors ils pourront se soustraire aux luttes syndicales.