A l’approche de l’échéance des joutes électorales des municipales et des régionales, le Rhdp, le couteau entre les dents, profère des menaces tous azimuts. Après la « fatwa » contre ses militants qui avaient des velléités de passer outre les injonctions et les mises en garde du parti, pour présenter des candidatures indépendantes, c’est désormais les populations ivoiriennes qui font l’objet de pression et de chantage éhontés. Certes des têtes ont commencé à tomber, des tabourets à être arrachés, mais comme cela ne suffisait pas pour garantir une victoire certaine, des menaces sur les populations quant à leur bien-être, se font de plus en plus précises. Cela dans la droite ligne de ce qu’il nous a été donné de voir et d’entendre, il y a quelques années.
Politique: Après la « Fatwa » à l’encontre de certains de ses militants, les populations dans le viseur du RHDP
En effet, on a encore en mémoire, qu’à un meeting précédant les élections municipales et régionales passées, la ministre Kandia Camara, avait demandé à son auditoire de poser une seule question à tous ceux qui viendraient solliciter leurs suffrages, en dehors des candidats du Rhdp. Il s’agissait de demander à ces candidats, s’ils étaient « les bons petits » du premier ministre ou du chef de l’Etat. Si c’est la réponse est négative, les populations se devaient de huer ces candidats et les chasser de leurs localités.
Car même élus, ces candidats qui ne sont pas les « bons petits » du premier ministre ou du chef de l’Etat, n’auront pas les moyens pour mettre à exécution le programme pour lequel ils sont élus. On avait pensé que c’était une plaisanterie de mauvais goût, juste mise en avant pour motiver les populations à accorder leurs voix aux candidats du Rhdp. Mais de nombreux élus, maires et présidents de conseil régional non-Rhdp, ont souvent mis en exergue les difficultés qui étaient les leurs, dans l’exécution de leurs budgets et dans le financement des projets pour soulager les populations.
A l’étroitesse des budgets mis à leur disposition, s’ajoute très souvent la non-disponibilité de liquidité au Trésor, et quand bien-même il y en aurait, les fonds disponibles sont tellement insuffisants, qu’il leur est difficile de résoudre leurs problèmes. A-t-on des raisons de croire que cela est fait exprès, après avoir entendu la ministre Kandia Camara ? Nombre de personnes avaient pensé que c’était des anecdotes racontés pour masquer les insuffisances de ces élus.
La dérive langagière de M. Jacques Assahoré
Mais manifestement, on se doit de faire le lien entre les difficultés de ces élus et la déclaration de Madame Kandia Camara. Aujourd’hui, à quelques mois des élections municipales et régionales, la déclaration de M. Jacques Assahoré, ci-devant Directeur Général du Trésor et de la Comptabilité Publique, achève de convaincre que le Rhdp a toujours mis à exécution les menaces proférées par Mme Kandia Camara. Les difficultés évoquées par les élus non-Rhdp, ne sont donc pas anecdotiques, mais sont bien réelles.
En effet, le 23 mai 2023, lors de la cérémonie officielle de présentation des candidats du Rhdp de l’Iffou, M. Assahoré a eu ces mots, quand ses parents se sont plaints de l’état de leurs routes et pistes : « …Ce que vous constatez, c’est la façon dont vous avez voté il y a cinq ans en arrière. Aujourd’hui, on vous donne l’opportunité de faire des choix judicieux. Faites ces choix et vous verrez ces cinq ans, les choses vont changer. C’est le sens du vote de cette année… Celui qui fait le bitume, celui qui construit les écoles, dit, voici mes soldats, faites-leur confiance, vous dites non…Mais quand vous finissez de dire cela, vous allez vous-même chercher les moyens pour construire vos routes ou vos écoles… »
On tombe des nues devant une telle déclaration, venant d’un haut commis de l’administration ivoirienne. C’est vraiment désespérant d’entendre de telles incuries de la part ceux qui ont momentanément la gestion de la chose publique. Et pire, il ne se trouve personne pour les interpeler et les rappeler à l’ordre. Certes M. Assahoré est devant des populations qu’il croit être analphabètes, et alors il s’est laissé aller à cette dérive langagière.
Vouloir monnayer le suffrage des populations avec les infrastructures auxquels ils ont droit, est véritablement indécent
Mais ces populations savent bien que le choix d’une infrastructure relève du pouvoir discrétionnaire de celui qui est à la tête de l’Etat, mais le financement n’est pas de son fait à titre personnel ; il ne s’agit pas de son argent, mais celui de tous les contribuables ivoiriens. Vouloir monnayer le suffrage des populations avec les équipements et les infrastructures auxquels ils ont droit, est véritablement indécent, et traduit la petitesse d’esprit de ceux qui le pensent.
Assurément, au lieu de consolider les acquis de la démocratie, de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit, le Rhdp s’évertue à tirer la Côte d’Ivoire vers le bas et surtout à faire le nivellement par le bas, avec des chantages éhontés exercés sur les pauvres populations. Mais ce réflexe digne du temps du parti-Etat ou parti unique ne doit pas prospérer et ne peut pas prospérer. Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.