Depuis la suppression des cotisations exceptionnelles payées par les parents d’élèves, dans le cadre des activités des COGES (Comités de Gestion des Etablissements Scolaires), la situation des écoles primaires publiques, laisse à désirer dans la commune de Tiassalé dont le député-maire, Assalé Tiémoko, a été l’un des principaux militants pour la suppression ayant conduit à la prise du décret présidentiel mettant désormais à la charge de l’Etat et des collectivités territoriales, sur la base d’une évaluation annuelle, le complément budgétaire nécessaire au financement des activités des COGES. Incursion dans des écoles primaires publiques de la commune de Tiassalé.
L’Ecole primaire publique (EPP) « Municipalité » de Tiassalé abandonnée par la Mairie?
L’Ecole primaire publique « Municipalité » de Tiassalé ne présente pas un visage des plus reluisant. Une visite effectuée par notre équipe, le mardi 6 juin dernier, dans l’établissement scolaire, a permis de nous rendre compte des conditions assez pénibles dans lesquelles évoluent les gamins inscrits dans cette école.
Le constat le plus alarmant est sans nul doute l’état de dégradation avancée des toilettes. Les toilettes de cet établissement composé de 4 écoles primaires et d’une école maternelle, sont totalement inutilisables. »Ne va pas là-bas, c’est gâté même », nous lance un enfant jouant dans la cour de l’école, auprès de qui nous avons pris renseignements.
En effet, le vieux bâtiment servant de toilettes, positionné à l’arrière de l’école maternelle, et à moins de 10 mètres d’une salle de classe, est complètement envahi de broussailles et d’ordures. Deux des trois latrines, sont fermées. La seule ouverte est dans un piteux état, avec des excréments éparpillés un peu partout. Le tout couronné par une forte odeur qui rend l’environnement irrespirable.
Une situation qui, selon l’un des directeurs de l’école, a contraint à la fermeture d’un bureau de direction, situé juste à côté. »Quand les enfants ont envie de se soulager, ils sont obligés d’aller à la maison, pour ceux qui n’habitent pas loin de l’école. Quant aux autres, ils sont obligés de se rendre derrière le bâtiment de la maternelle », déplore l’enseignant qui nous conseille même d’y aller pour prendre des images.
« La mairie nous a dit qu’elle ne pouvait pas nous aider pour les travaux de réhabilitation… »
A côté de ce triste décor, s’ajoutent d’autres problèmes. ‘’Il y a des bâtiments dont les toitures sont défectueuses; tout est à refaire. L’école n’a pas de vigile, les riverains entrent et ressortent comme ils veulent et donc la nuit, l’école se transforme en un fumoir pour certains, ou en hôtel pour d’autres. Il nous arrive de retrouver des préservatifs dans la cour de l’école et parfois même, dans les salles de classe… », se révulse le directeur d’école.
De par sa dénomination, l’EPP Municipalité devrait bénéficier d’un suivi particulier de la part de la Mairie. Ce qui n’a pas été le cas cette année, selon le président du Coges (Comité de gestion des établissements scolaires), Traoré Balla, en place depuis un an. »C’est une école municipale mais la mairie ne nous assiste pas. Même quand il y a des examens, les enseignants qui viennent, c’est la mairie qui doit s’occuper d’eux, mais elle ne le fait pas », a-t-il dénoncé.
De son côté, le directeur a informé avoir introduit, en début d’année, une doléance auprès de la Mairie, pour des travaux de réhabilitation au niveau de l’école Municipalité. Malheureusement, restée sans suite.
« La mairie nous a dit qu’elle ne pouvait pas nous aider pour les travaux de réhabilitation cette année, parce que ce n’était pas dans le budget de l’année. On espère que l’année prochaine, le cas de notre école sera dans le budget de la mairie », a-t-il espéré, tout en manifestant le souhait de voir une main extérieure porter assistance à l’école Municipalité. »Nous avons vraiment besoin de quelqu’un qui va sortir l’école Municipalité de tous ces problèmes’’, a-t-il renchéri.
Dur, dur depuis la suppression des COGES…
Depuis la suppression des cotisations Coges par le gouvernement à la suite de plusieurs plaintes dont celles du député-maire de Tiassalé, l’honorable Assalé Tiémoko, il n’y a plus de cotisations au niveau des parents d’élèves. Pour le fonctionnement des Coges, ces organismes reçoivent, depuis l’année dernière, une subvention de la part de l’État de Côte d’Ivoire. Mais un problème se pose à ce niveau à Tiassalé. Les présidents de Coges que nous avons rencontrés, affirment n’avoir reçu aucune subvention cette subvention année.
»Nous sommes conscients de tous les problèmes au niveau de l’école Municipalité, mais il nous manque les moyens pour mener à bien notre mission. Donc nous faisons de notre mieux. La subvention n’est pas arrivée cette année et l’année dernière, ce n’est pas arrivé à temps. Pour faire face à certaines situations, nous sommes parfois obligés de sortir l’argent de nos propres poches ou de nous endetter », fait savoir Traoré Balla.
Face à cette situation, les Coges n’ont d’autres choix que de se tourner vers les autorités de la ville. Et plus particulièrement la mairie. Mais, selon le président du Coges de l’école Municipalité, le premier magistrat de la commune, ferait du favoritisme dans le choix des écoles à soutenir. »Il favorise certaines écoles par rapport à d’autres pour des raisons politiques. Ça ne peut pas arranger la ville. Quand tu es maire, tu es le maire de toute une ville; toutes les écoles sont à ta charge. S’il y a une école dont il doit s’occuper, c’est bien l’école Municipalité parce que c’est l’école municipale », a-t-il insisté.
Le même problème de subvention a été exposé par Hoba Michel, président du Coges au niveau de l’école Quartier. Mais contrairement à son collègue de l’école Municipalité, lui, reçoit régulièrement le soutien de la mairie. »Cette année, nous n’avons reçu aucune subvention. C’est sur la subvention que nous avons reçue l’année passée, que nous avons grignoté jusqu’aujourd’hui. Dans ce cas, on ne peut pas respecter notre plan d’actions », dit-il.
Puis d’ajouter: »Pendant les examens, quand les examinateurs arrivent, il faut que nous nous occupions de leur restauration. Heureusement que nous avons sollicité l’appui du maire qui a répondu favorablement », fait-il savoir tout en adressant ses remerciements au député-maire Assalé Tiémoko qui l’accompagne constamment dans sa mission. »N’eut été le député maire, Assalé Tiémoko, l’école serait complètement en ruine », a-t-il confié.
Des toilettes impraticables dans plusieurs écoles de la ville
Le constat est le même dans la quasi-totalité des écoles primaires de la commune. Les toilettes ne sont pas du tout praticables. Et les élèves, pour se soulager, sont soit obligés de partir à la maison ou de se rabattre dans les broussailles aux environs de leurs différentes écoles. L’Epp Plateau, l’une des plus grandes écoles de Tiassalé, située juste en face de la Mairie, est également confrontée à cette situation.
»Les toilettes existantes, par manque d’entretien, sont inutilisables », a indiqué Ehui Anatole, l’un des directeurs, qui a bien voulu exprimer sa reconnaissance à la Banque Mondiale qui dirige présentement des travaux pour la construction de toilettes dans plusieurs écoles de la ville. Nous avons pu constater des travaux au niveau des écoles Plateau, Municipalité et Quartier.
A l’Epp Quartier située dans le village de Tiassalékro, les toilettes sont restées impraticables pendant des années, avant qu’un cadre de la ville, en la personne d’Alpha Sanogo, ne vienne mettre fin au calvaire que vivaient élèves et enseignants. A l’école primaire de Dibikro, un village situé à une dizaine de kilomètres de la ville, il n’y a qu’une seule latrine pour le corps enseignant. Les élèves, eux, se débrouillent dans la brousse. A l’Epp Nianmoué, village situé juste à l’entrée de Tiassalé en venant d’Abidjan, il n’y a pas de toilettes. Les élèves sont contraints de se soulager dans la broussaille qui entoure l’école, s’exposant aux morsures des serpents ou autres reptiles.
A Nianmoué, des écoliers risquent leurs vies pour se rendre à l’école
L’Epp Nianmoué est une école qui réunit les enfants du village de Nianmoué et de tous les campements environnants dont le campement ’’Camp de Prière’‘ qui est séparé du village Nianmoué par un gigantesque ravin. Plusieurs écoliers venant du »Camp de prière » sont donc contraints de traverser cet endroit pour se rendre aux cours à Nianmoué.
»Ce trou est dangereux. Le fleuve Bandama n’est pas loin, et parfois, quand il pleut, l’endroit est totalement inondé et c’est là que nos enfants doivent passer pour aller à l’école et repartir à la maison. Il suffit d’une petite glissade pour qu’un enfant soit emporté par les eaux, et ça fait très peur », s’inquiète un instituteur qui exhorte les cadres et autorités de Tiassalé à se pencher sur cette situation ‘’avant que le pire ne se produise‘’.
Contacté, le maire de Tiassalé s’est étonné des propos du président du Coges de l’école Municipalité. « C’est quoi l’intérêt pour un maire de faire de la discrimination dans la réhabilitation des écoles de la commune ? Le 4è adjoint au maire est directeur dans cette école. Je vous prie d’arrêter ça. Je n’ai pas le temps de répondre à tout ça », a-t-il répondu, sur un ton de colère.
Une correspondance particulière de M.E