La justice ivoirienne a-t-elle ouvert un nouveau front bien plus sérieux pour le président Alassane Ouattara ? En radiant Tidjane Thiam de la liste électorale, ce qui compromet sa participation à la prochaine élection présidentielle, tous les médias internationaux ont les yeux rivés sur la Côte d’Ivoire, et les récits qui circulent sont de moins en moins flatteurs pour le chef de l’État.
Avec l’affaire Thiam, l’image du Président Ouattara pourrait prendre un coup
En effet, Tidjane Thiam a été radié de la liste électorale de Côte d’Ivoire pour double nationalité. Au moment où il faisait sa dernière inscription sur la liste électorale, le champion du PDCI-RDA était toujours français, ce que n’admet pas la Constitution ivoirienne, qui ne reconnaît pas la double nationalité à ses citoyens. Cette loi des années PDCI-RDA rattrape aujourd’hui ce parti fondateur de la Côte d’Ivoire, en ce qu’elle empêche l’entrée en course de son champion.
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Selon le ministère de la Justice de Côte d’Ivoire, en l’état, seule une révision de la liste électorale permettra à Tidjane Thiam de se relancer dans la bataille électorale. À ce propos, le patron de la CEI a déjà annoncé qu’il n’y aurait pas de nouvelle révision de la liste électorale avant les élections d’octobre prochain. Pour autant, Thiam promet de se battre pour revenir dans la partie.
Depuis Paris, où le président du PDCI-RDA est en séjour, les médias luttent pour se l’arracher. Sa situation personnelle met en lumière les nombreux recalages de leaders politiques ivoiriens de la course à la présidentielle. Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro sont de plus en plus présentés comme des victimes du régime en place. The Economist, qui a évoqué le sujet dans son récent tirage, a souligné les dépassements de mandat présidentiel du président Alassane Ouattara tolérés par la justice.
Tidjane Thiam, ancien PDG de Crédit Suisse, est présenté dans les colonnes de ce média comme « le principal adversaire du parti au pouvoir du président Alassane Ouattara, qui défie actuellement la limite constitutionnelle de deux mandats en effectuant un troisième mandat », et qui pourrait postuler pour un quatrième.
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Le Président de la République de Côte d’Ivoire s’est rendu en France avec son épouse Dominique Ouattara. Tidjane Thiam a dénoncé dans la presse son nouveau statut d’apatride puisqu’il n’a plus droit à un certificat de nationalité, ni même la possibilité de voter, même s’il reste « indiscutablement » ivoirien, selon Me Kouamé Faustin, directeur des affaires civiles et pénales, en conférence de presse au palais de justice d’Abidjan-Plateau lundi, pour le compte du ministère de la Justice.
Tout semble indiquer qu’une bataille de Thiam pour réintégrer le processus va se jouer sur l’image d’Alassane Ouattara à l’international. De plus en plus de médias étrangers, jadis prompts à lui lancer des fleurs, commencent à entacher son image. Et tout semble indiquer que ce petit jeu est parti pour durer, puisque chaque jour qui passe ramène le nom de la Côte d’Ivoire et la situation de Thiam dans les médias internationaux.
Tout cela peut aussi s’arrêter avec une implication directe du chef de l’État dans le règlement de la situation de ses différents opposants recalés pour diverses raisons. Le Président Ouattara étant présentement en France, des messages devraient lui être passés par différents réseaux d’influence soucieux de la stabilité de la Côte d’Ivoire, ce qui passe par une élection libre, transparente et inclusive.