Par une ordonnance prise en Conseil des ministres, Alassane Ouattara a donné les conditions d’organisation et de participation aux élections sénatoriales. Mais l’Honorable Alain Lobognon, Député pro-Soro, émet des réserves quant à cette décision du président ivoirien.
Les réserves d’Alain Lobognon au sujet des élections sénatoriales
Depuis l’adoption de la nouvelle Constitution consacrant la 3e République, le Parlement ivoirien est désormais bicaméral (deux chambres), à savoir la chambre des Députés et la chambre des Sénateurs. Si les élections législatives ont déjà eu lieu en décembre 2016, ce n’est pour l’instant pas le cas pour les élections sénatoriales qui sont une grande inconnue dans l’ordonnancement juridique et institutionnel en Côte d’Ivoire.
Aussi, pour cette grande première, le président Alassane Ouattara a défini, par une ordonnance, les conditions de mise en place de cette nouvelle institution. Selon l’ordonnance n°2018-143 du 14 février 2018, le cautionnement est fixé à un million de francs CFA par candidat. L’élection des Sénateurs a lieu, dans chaque circonscription électorale (chaque région et chaque district autonome), au suffrage universel indirect et au scrutin majoritaire à un tour. En cas d’égalité entre les candidats après trois (3) tours de scrutins, sera déclarée élue, la liste sur laquelle figure le candidat le plus âgé.
Au terme de cette disposition, « tout Ivoirien qui a la qualité d’électeur peut se présenter dans toute circonscription électorale de son choix pour être élu au Sénat ». Le collège électoral est cependant composé des conseillers de District autonome élus, des conseillers régionaux, des conseillers municipaux, à l’exception de ceux figurant sur une liste de conseillers de district autonome élus.
Les sénateurs sont élus, pour deux tiers, au suffrage universel indirect. Un tiers est désigné par le président de la République parmi les Ivoiriens reconnus pour leur expertise et leur compétence avérées dans les domaines politique, administratif, économique, scientifique, culturel, sportif, professionnel et social. Le mandat des sénateurs est de cinq ans.
Eu égard à toutes ces dispositions de l’ordonnance prise par le président Ouattara, Alain Lobognon est monté au créneau pour dénoncer quelques insuffisances de cette loi. Réagissant sur sa page Facebook, le député de Fresco a indiqué : « Le Président de la République a signé l’ordonnance numéro 2018-143 du 14 février 2018 relative à l’élection des sénateurs. Est connue ma réticence quant à la mise en place de la deuxième chambre du Parlement en Côte d’Ivoire. En tant que Député, je me suis déjà prononcé sur les coûts que pourraient engendrer des élections à moins de deux années des élections présidentielles et législatives prévues au cours du dernier trimestre de 2020. Je crois que mes dernières préoccupations ont été prises en compte. Cependant, permettez-moi de relever deux points que l’ordonnance aurait pu inscrire dans les cas d’incompatibilité et d’inéligibilité. »
Poursuivant, le fidèle compagnon de Guillaume Soro ajoute : « L’on ne sera pas surpris de voir des membres du gouvernement, qui sont restés à la tête des régions malgré l’incompatibilité, être candidats au poste de sénateur. Tout comme des Présidents de régions ou des maires, se faire élire sénateurs et conserver tous les privilèges et avantages. »
Il dénonce par ailleurs le fait que le président de la République nomme le tiers de Sénateurs. Cela pourrait conduire à voir nommer, des candidats battus aux élections sénatoriales. L’ancien ministre des Sports indique en outre que cette nouvelle institution est totalement budgétivore, alors même que la chute du prix du cacao et d’autres facteurs conjoncturels ont quelque peu secoué l’économie ivoirienne.