Les propos du président ivoirien Alassane Ouattara sur son homologue sénégalais Macky Sall, qu’il qualifie d’« homme d’État exceptionnel et un démocrate sincère » ne collent pas à la réalité… Analyse.
Propos dithyrambiques de Ouattara envers Macky Sall, attention à l’excès de louage
Lors du dernier sommet de la CEDAO, le Président Alassane Ouattara s’est montré exagérément élogieux envers Macky Salll. Est-ce une façon pour le Président ivoirien de pousser en douceur vers la sortie son jeune frère qui vient de provoquer une grave crise politique dans son pays, le Sénégal ?
Macky Salll a cherché à proroger sa gouvernance en dehors de tout cadre légal en arguant que les conditions pour une élection juste et démocratique n’étaient pas réunies. La conséquence aurait donc été qu’il démissionne après le constat qu’il a fait de sa propre incapacité à organiser un scrutin crédible dans les délais, plutôt que chercher à rallonger ses jours à la tête du Sénégal.
Malgré la contestation de cette décision inique par l’opposition sénégalaise, Macky Sall campait sur sa position puisqu’il a activé avec célérité l’Assemblée nationale qui lui est acquise à l’effet d’entériner sa décision par un vote sans débat. N’eût été le désaveu que lui a infligé la Cour Constitutionnelle du Sénégal, Macky Sall se serait maintenu au pouvoir comme un putschiste sans treillis militaire.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans une première réaction controversée, n’a pas tout de suite rappelé à l’ordre le supposé « démocrate ». Ce n’est qu’après la vague de critiques violentes de l’opinion africaine et les manifestations au Sénégal qu’elle s’est montrée un peu plus responsable. La France, accusée d’insuffler à l’organisation sous-régionale ses décisions, s’est opposée à la décision de Macky Sall, en appelant au respect du calendrier électoral au Sénégal.
Ce n’est qu’après cette position de la France que la CEDEAO, harcelée par les critiques, a revu sa copie. Elle a en fin de compte demandé le respect des règles démocratiques, donc la tenue des élections prévues par la constitution.
Macky Sall, qui cherchait à gagner du temps pour mieux préparer la candidature de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba, présentement au plus bas dans les sondages, voit ainsi sa tentative pour se maintenir au pouvoir échouer.
Si Macky Sall n’a pas été capable d’anticiper l’organisation des élections présidentielles au Sénégal en 5 ans de son dernier mandant, alors, il peut difficilement, par un coup de force constitutionnel, réussir en 6 mois cette mission. L’idée même de proroger son mandat pour organiser cette élection est le comble de la mauvaise foi.
Plutôt que rappeler à Macky Sall les principes démocratiques à respecter, La CEDEAO, au sein de laquelle Alassane Ouattara a une forte influence, encourageait juste les politiciens sénégalais à privilégier le dialogue.
Comment une organisation régionale de ce type peut-elle sanctionner des populations du Mali, du Burkina Faso et du Niger suite aux coups d’État militaires de leurs dirigeants et se coucher devant Macky Sall qui met le Sénégal à feu et à sang juste pour se maintenir au pouvoir ?
Dire d’un tel personnage qu’il est un « démocrate sincère » sonne faux. Il est donc indiscutable que les louanges du Président Alassane Ouattara envers Macky Sall sont empreintes de partialité et d’une vision idéalisée de l’homme et de sa présidence.
On dit souvent que « Les pires des gens sont ceux qui ont une double personnalité en se présentant à certaines personnes avec un visage et à d’autres, avec un autre visage ».
Les Sénégalais auraient aimé que le Président Macky Sall leur montre le visage qu’il affiche devant le Président Alassane Ouattara. Les morts et les blessés de la crise née de ses tergiversations auraient été évités.
Le qualificatif d' »homme d’État exceptionnel et démocrate sincère » attribué à Sall par Alassane Ouattara semble plus être de l’ordre de la politesse protocolaire que d’une analyse objective de la situation politique au Sénégal. Comment un homme qui n’a cessé de harceler son opposition pour au final provoquer une crise à la fin de sa gouvernance peut-il être considéré comme « démocrate » et encore plus comme « homme d’État sincère » ?
On dit aussi que « les actes comptent plus que les mots. Vous êtes davantage ce que vous faites, moins ce que vous dites. »