L’affaire des militaires ivoiriens détenus au Mali vient de connaître son épilogue. Dans un communiqué lu à la télévision malienne, le colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement de transition, a annoncé la grâce accordée aux militaires ivoiriens par le président malien, le colonel Assimi Goïta.
La Côte d’Ivoire et le Mali mettent fin à une longue crise
Après avoir été condamnés à 20 ans de prison pour certains et à mort pour d’autres, les militaires ivoiriens, par cette grâce, vont bientôt humer l’air de la liberté, après un peu plus de cinq mois d’incarcération. On peut alors dire que tout est bien qui finit bien.
Mais pour y arriver, que de péripéties !
Que d’invectives !
Que de menaces !
La raison, comme on le voit, a fini par prévaloir sur les émotions et les égos.
C’est le lieu de saluer tous ceux qui ont œuvré ouvertement ou dans l’ombre au dénouement heureux de cette affaire qui n’avait pas de raison d’être. Saluer surtout la diplomatie togolaise, qu’on a un moment voulu écarter pour mettre en exergue la Cedeao et l’Onu.
Ces deux organisations ne méritent aucune salutation pour leur jeu trouble, qui a semé la confusion dans l’esprit de nombre de personnes.
L’Onu disant une chose et son contraire pour un objectif suspect. La Cedeao, quant à elle, le couteau entre les dents, n’avait que menaces de sanctions et ultimatums pour faire plier le gouvernement malien. Elle s’est invitée dans cette affaire, au moment où la diplomatie togolaise était sur une bonne dynamique de rapprochement des positions entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Toutes ses tentatives ont laissé le gouvernement malien de marbre.
Heureusement, le bon sens a permis de ramener la diplomatie togolaise au-devant de cette affaire, et un résultat probant a pu être obtenu.
Au regard de ce qui précède, on retiendra que la force, les menaces et les intimidations ne résolvent pas tous les problèmes.
On imagine, dès l’annonce de la grâce accordée par le président malien, la joie indicible qui doit être celle des familles des militaires détenus au Mali. On imagine aussi que cette joie doit être à la dimension des peurs, des angoisses, des souffrances et des incertitudes vécues et endurées par ces familles, cinq mois durant.
Les Ivoiriens de toutes obédiences politiques s’associent à cette joie compréhensible.
Mais en même temps, ils ne peuvent s’empêcher de penser aux parents des militaires ivoiriens emprisonnés depuis 2011. Quel peut être leur état-d ‘âme à l’heure actuelle ?
Bientôt 13 années que ces familles éprouvent les mêmes angoisses, les mêmes souffrances et les mêmes incertitudes qu’ont éprouvées pendant 5 mois, les familles des militaires détenus au Mali.
A la veille de chaque Nouvel an depuis 2011, à la veille de chaque fête nationale, ces familles nourrissent le secret espoir qu’une grâce ou une amnistie serait annoncée lors du discours que prononce le chef de l’Etat à ces occasions. Mais hélas…
Depuis 2011, toutes les demandes, toutes les supplications faites au chef de l’Etat à l’effet d’élargir ces militaires et autres prisonniers politiques, se sont heurtées à un silence froid, qui ressemble fort à un mépris du pouvoir.
C’est pourquoi, autant on était sensible au sort de nos compatriotes détenus au Mali, autant on ne peut rester indifférent au sort de nos frères militaires et prisonniers politiques qui croupissent dans les sous-sols du pays, au seul motif d’avoir accompli leur devoir.
Le colonel Assimi Goïta vient de montrer le chemin. Quelle que soit la faute qui serait commise, un responsable doit pouvoir prendre de la hauteur et poser des actes dans l’intérêt de tous.
Il serait donc bon que le chef de l’Etat puisse aujourd’hui accéder aux demandes de libération des militaires et des prisonniers politiques qui lui sont adressées depuis 2011.
Auparavant, Mme Pulchérie Gbalet, la victime collatérale de cette crise doit être libérée. Il n’y a plus de raison de la garder dans l’univers carcéral, d’autant plus que ce pourquoi elle a été embastillée, vient de connaître son épilogue. De cette façon, on pourra clore ce chapitre malheureux de notre histoire.
Mais connaîtra-t-on un jour les tenants et les aboutissants de cette scabreuse affaire ?
Demain nous situera.
Demain est un autre jour, mais demain arrive toujours et l’ivraie sera séparée du vrai.