Lentement mais sûrement, les pièces du puzzle s’emboîtent pour que les joutes électorales des municipales et des régionales et par-delà, la présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire, ne soient pas de tout repos et surtout ne se déroulent pas dans des conditions rassurantes.
Côte d’Ivoire : Le chef de l’Etat aurait-il pu être candidat en 2010 si la loi avait été aplliquée dans toute sa rigueur ?
Des paroles proférées, et des actes posés donnent de croire que les élections à venir se dérouleront comme toutes celles qui ont eu lieu depuis 2011. En effet, depuis cette date, aucune élection ne s’est déroulée sans qu’on ne déplore des pertes en vies humaines, après des violences inouïes. En cette période précédant la pré-campagne électorale, le discours des tenants du pouvoir ne rassure pas et laisse plus d’un, perplexe. C’est un discours plein d’arrogance, de suffisance, qui donne le sentiment que ceux-ci sont les propriétaires de la Côte d’Ivoire et que celle-ci doit marcher au gré de leurs humeurs et de leurs désirs.
Après le Secrétaire Général du Rhdp, M. Cissé Bacongo qui à mots à peine couverts, a demandé aux ministres d’en découdre avec leurs collaborateurs militants du Rhdp, qui auraient l’intention de se passer des injonctions du parti pour aller aux élections en indépendants, c’est au tour du ministre de l’Intérieur, le Général Vagondo de s’illustrer de la pire des manières. Celui-ci promet de traquer jusque dans leurs derniers retranchements, les militants du Rhdp qui auraient des velléités de se passer de la mise en garde du parti, pour prendre part aux élections en tant qu’indépendants.
Il affirme avoir les moyens de cette traque. On le comprend aisément, le Général Vagondo fera cette traque avec les moyens que l’Etat de Côte d’Ivoire a mis à sa disposition en sa qualité de ministre de la République : Police, Renseignements Généraux, Préfet et Sous-préfets. Il utilisera donc les moyens de l’Etat pour régler des comptes au bénéfice d’une association privée, fut-elle son parti politique. Ce mélange de genre, dénué de toute considération éthique est vraiment indécent et est la marque déposée de la troisième République.
Depuis 2011 en effet, le pays vit un « adualisme » de mauvais goût
Depuis 2011 en effet, le pays vit un « adualisme » de mauvais goût, où ce qui relève de l’Etat et ce qui relève du Rhdp n’est pas différencié. Ailleurs, ces commis de l’Etat auraient été poursuivis pour abus de pouvoir, avec l’utilisation des moyens de l’Etat pour le règlement des problèmes internes à leur parti politique. Mais bon, ces genres de considération n’ont pas pignon sur rue dans les républiques bananières. Et c’est …dommage !
Dans le même temps, et des profondeurs de la case ronde, des voix s’élèvent pour affirmer de façon péremptoire que le chef de l’Etat rempilera pour un quatrième mandat en 2025. Ces personnes aux voix enrouées comme venant d’outre-tombe, entrent en extase et rient à gorge déployé, pris dans une jubilation jouissive, parce que le président Laurent Gbagbo ne figure pas sur la liste électorale. Il n’est donc ni électeur, ni éligible.
Cette perspective d’élimination d’un adversaire redoutable et redouté, donne l’assurance à ces tenants de la case ronde, que rien ne peut leur arriver dans leur volonté de confiscation du pouvoir. Sûrs de leur fait, fondé sur une condamnation à 20 ans de prison de l’ancien président dans une parodie de procès, c’est maintenant que les militants du Rhdp, savent que « la loi doit s’appliquer dans toute sa rigueur ». Se sont-ils interrogés sur ce qui peut advenir comme réaction face à cette décision ?
Les Ivoiriens aspirent à autre chose que les sempiternelles violences liées aux élections depuis 2011
Ils ne se posent pas cette question. Sûrs d’avoir avec eux la violence de l’Etat pour venir à bout de toute velléité de protestation. Mais les ivoiriens aspirent à autre chose que les sempiternelles violences liées aux élections depuis 2011. Il urge pour ce faire, que le chef de l’Etat qui dispose de tous les leviers de l’Etat pour rendre opérantes toutes les recommandations et toutes les conclusions des différentes sessions du dialogue politique, s’attèle à créer une atmosphère apaisée pour sauvegarder des vies humaines.
Nul ne peut s’offusquer que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur. Mais en même temps on ne peut oublier qu’en 2010, des décisions politiques ont été prises pour contourner des difficultés liées à l’application de notre loi fondamentale au nom de la paix. Ainsi, alors qu’en 1995, l’actuel chef de l’Etat, alors dans l’opposition avait déclaré ne pas pouvoir faire acte de candidature à l’élection présidentielle de cette année, parce que la Loi Fondamentale du pays ne le lui permettait, il a été candidat en 2010, malgré le fait que la constitution n’avait pas changé, du moins dans ses dispositions relatives aux conditions de candidature.
Pour surmonter l’obstacle, le président Gbagbo a dû user de l’article 48 pour rendre possible, la candidature de M. Ouattara, en dépit des dispositions de la constitution. Cette candidature à titre exceptionnel en 2010, puis dérivée en 2015 avant le passage en force de 2020, aurait-elle pu être possible si la loi avait été appliquée dans toute sa rigueur ? C’est un fait historique qu’on ne peut pas occulter encore moins balayer du revers de la main.
Une décision politique a permis de contourner la loi, avec pour souci la préservation de la la paix. Les ivoiriens souhaitent que le chef de l’Etat soit animé de ce même souci, pour prendre les décisions idoines … Il faut donc savoir raison garder et tenir compte de ce précédent. Cela, dans l’intérêt de tous. Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.