Noël Akossi Bendjo, le maire du Plateau, la plus riche commune d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, reviendra-t-il à ses administrés avant la fin de son mandat ? Des doutes sur la question grossissent depuis l’annonce de la convocation qui lui a été adressée par la brigade de recherches et son absence prolongée du pays. L’homme est entré dans les petits papiers de la justice à la suite des révélations du journaliste ivoirien Manféi Anderson Diédri, d’un énorme montage financier dont il aurait été l’auteur.
Plus aucune trace de Noël Akossi Bendjo au Plateau
Le « West Africa leaks« , une sorte de Wikileaks et Panama papers de l’Afrique de l’Ouest, dont est membre Manféi Anderson Diédri, a publié une enquête révélatrice de magouilles dans lesquelles aurait trempé M. Noël Akossi Bendjo. Ce cadre du PDCI RDA aurait créé aux Bahamas une entreprise fictive dont il se serait servi pour réaliser de l’évasion fiscale depuis 1997, à sa nomination par Henri Konan Bédié comme PCA à la tête de la Société ivoirienne de raffinage (SIR).
D’après cette enquête, l’entreprise Benath Company, dont M. Bendjo a longtemps été l’actionnaire majoritaire d’une firme locale, Klenzi, qui distribue des produits pétroliers achetés auprès de la SIR, société dirigée à l’époque par l’actuel maire du Plateau, serait une société fictive. En quelque sorte, Bendjo de Côte d’Ivoire, représentant les intérêts de son pays, vendait à Bendjo des Bahamas, patron d’une société privée, des ressources pétrolières de la SIR. Si les faits se confirment, il y a là un conflit d’intérêt évident.
Cette enquête mettait aussi en lumière des liens entre Akossi Bendjo et Claude Dauphin, le patron de Trafigura, la firme de trading pétrolier qui avait déversé des tonnes de produits toxiques en Côte d’Ivoire en septembre 2006. Il faut noter que Trafigura, société dont une filiale a racheté les stations-service de Petroci, une partie du patrimoine de l’État, sous Alassane Ouattara, a ses filiales « africaines » localisées aux Bahamas.
Cette affaire qui a curieusement été sous-traitée par la presse ivoirienne n’est cependant pas à la base des démêlées de Noël Akossi Bendjo avec la justice ivoirienne. Ce sont de supposés détournements à la Mairie du Plateau qui placent l’ancien PCA de la SIR dans le viseur de la justice ivoirienne.
Ce sont 2 milliards de FCFA découverts sur un compte dormant d’un fournisseur de l’État ivoirien, entre autres la mairie du Plateau, qui provoque ces suspicions. Dans le cadre de cette procédure de blanchiment de capitaux, Mme Edwige N’Goran, directrice des finances et de la comptabilité de ladite mairie, a été arrêtée et écrouée.
Akossi Bendjo, sûr de lui, disait justement que personne ne pouvait l’arrêter. On en est de moins en moins sur puisqu’il a profité d’une mission du PDCI pour voyager en France. C’est en son absence que la convocation de la brigade de recherche a été remise à ses proches. Depuis, M. Maurice Kakou Guikahué est rentré avec la petite délégation du PDCI dont a été membre M. Noël Akossi Bendjo. Le Maire du Plateau lui était resté dans la capitale française avant de rejoindre le Maroc où il a reçu le Super prix africain d’excellence (SPADE 2018) qui en fait le meilleur Maire d’Afrique.
À ce jour, personne dans son entourage ne connait la date de son retour au pays alors que se profilent à l’horizon les élections municipales et que ses administrés ont besoin d’être rassurés par sa présence dans la ville. Le Maire PDCI du Plateau pourrait être visé, les jours à venir, par un mandat d’arrêt international de la justice ivoirienne si son séjour hors du pays venait à être prolongée de façon exagérée.
Parce que M. Akossi Bendjo est de ceux au PDCI qui disent non au parti unifié RHDP, ses partisans considèrent la convocation de la brigade de recherches comme un moyen de pression du pouvoir ivoirien sur un adversaire.