La réforme intégrale de la Commission électorale indépendante (CEI) demeure l’un des véritables points de discorde entre pouvoir et opposition à moins de 11 mois du prochain scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire.
Côte d’Ivoire : Tous se braquent contre la configuration de la nouvelle CEI
L’institution dirigée par le magistrat Coulibaly Kuibiert est jugée largement inféodée à la mouvance présidentielle par bon nombre d’observateurs de la vie politique ivoirienne y compris la quasi-totalité des formations politiques significatives de l’opposition ivoirienne.
Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro sont tous unanimes sur le fait que cette institution telle que configurée ne saurait garantir la tenue d’élections « libres », « transparentes » et « crédibles ».
A ce propos, l’ancien patron de la rébellion des Forces nouvelles, par ailleurs candidat à la prochaine élection présidentielle tirait, le mois dernier, la sonnette d’alarme. « Cette CEI va brûler la Côte d’Ivoire », alertait-il sur le plateau de France 24.
Pour le Sphinx de Daoukro, cette CEI est tout simplement « illégitime et illégale », au motif que sa mise en place est le résultat de discussions entre le gouvernement d’Alassane Ouattara et une opposition politique taillée sur mesure.
Ainsi donc, les plateformes CDRP de Konan Bédié et EDS de Laurent Gbagbo entendent donner de la voix dans l’objectif de contraindre Alassane Ouattara à réviser sa position d’aller aux élections avec une CEI « non consensuelle», totalement en contradiction avec les recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples.
Les partis politiques membres de ces deux plateformes dont le PDCI-RDA, le FPI de Laurent Gbagbo et les mouvements proches du GPS de Guillaume Soro entendent protester vivement lors d’un giga meeting prévu en décembre prochain à Abidjan contre cette CEI.
Bédié, Soro et Laurent Gbagbo comptent exiger en plus de la reforme de l’institution, la prorogation de la validité au delà d’une année et de la gratuité de la carte nationale d’identité (CNI).
Les inquiétudes de la Communauté internationale
Les partenaires extérieurs, semblent-ils, s’inquiètent des tensions qui montent déjà entre pouvoir et opposition à moins d’un an de la présidentielle. Pour le politologue Sylvain Nguessan, ces inquiétudes sont tout à fait légitimes quand on sait que les élections sont à l’origine de la quasi-totalité des crises en Afrique.
« Les partenaires extérieurs ont de bonnes raisons de tirer la sonnette d’alarme au sujet de la CEI, car c’est le péché originel de ce processus électoral », confie l’analyste politique Sylvain N’Guessan au confrère le Monde.
Si la CEI demeure contestée et non consensuelle, « tout le reste sera faussé, toutes les décisions que prendra cette institution seront illégitimes aux yeux de l’opposition», poursuit-il.
La délégation onusienne qui a récemment séjourné sur les bords de la lagune Ebrié sur requête ivoirienne, révèle le confrère, a invité le régime d’Abidjan à élargir cette CEI à toutes les forces politiques du pays.
« La mission a dit au gouvernement qu’il fallait ouvrir l’espace politique à l’opposition, en élargissant cette CEI à toutes les forces politiques du pays. C’est encore possible par décret présidentiel mais, en échange, il faut que l’opposition joue le jeu et accepte de jouer sa partition, ce qui n’est pas gagné tant certains sont enfoncés dans des postures politiciennes», révèle le confrère.