Alors que la Commission Eléctorale Ivoirienne (CEI) a annoncé le programme des élections législatives, plusieurs partis politiques s’y opposent. Pour l’opposition, les conditions d’une organisation de cette élection ne sont pas encore réunies.
Élections législatives, la composition de la CEI remise en cause
Ces derniers temps, plusieurs voix s’élèvent pour exiger la réforme de la Commission et le départ de Youssouf Bakayoko avant les prochaines élections législatives. Ces revendications se sont intensifiées après les injonctions de la Cour africaine de Droits de l’homme et des Peuples (Cadhp) .
En novembre 2016, la Cadhp estimait que « la CEI, dans sa composante actuelle, ne peut se permettre d’entreprendre l’organisation d’une quelconque élection tant qu’elle n’est pas réformée en profondeur ». En clair, le maintien de Youssouf Bakayoko, à la tête de la Commission et la configuration actuelle de la commission sont des problèmes qu’il faut corriger, avant les élections locales.
La loi portant fonctionnement de la CEI précise en effet que « les membres de la commission centrale sont nommés par décret pris en conseil des ministres pour une durée de six ans ». Youssouf Bakayoko, issu du PDCI d’ Henri Konan Bédié, a été nommé à la CEI, en février 2010, par Laurent Gbagbo. Dans quelques jours, il aura donc passé huit ans à la tête de la CEI, dont deux totalement dans l’illégalité. Il n’est pas le seul, plusieurs membres de la commission centrale siègent en toute illégalité, car ils ont été nommés depuis 2005.
Si le FPI (tendance Sangaré) avait exigé la réforme de la CEI lors de la présidentielle de 2015, le parti remet le couvert pour les échéances à venir. Aussi, plusieurs cadres du PDCI sont critiques envers cette institution dirigée par un des leurs qu’ils considèrent comme totalement inféodé au pouvoir en place. « La CEI a toujours été citée dans les conflits consécutifs aux élections locales. Pis, les dispositions juridiques et statutaires qui fondent son fonctionnement sont caduques. Il y a donc urgence quant à la nécessité de reprendre cet outil électoral », indiquait Djédri N’Goran, président du Réseau des cadres PDCI Notre Héritage, dans une interview accordée au quotidien L’Inter.
L’opposition relève aussi une autre suspicion concernant l’organe chargé d’organiser ces élections. Elle estime qu’il faut une mise à jour fiable des listes électorales, à un nouveau découpage électoral et à une révision du Code électoral.
L’avis du gouvernement
De son côté, le chef de l’État ivoirien semble réticent à l’idée de reformer la Commission. À la fin du Conseil des ministres organisé le mercredi 10 janvier, Bruno Koné porte-parole du gouvernement avait abordé la question de la CEI. « Tout sera mis en œuvre tant au niveau du gouvernement qu’au niveau de la CEI pour que ces élections se fassent de la meilleure façon. Si à un moment donné, il est jugé utile de réformer la CEI, nous pourrons le permettre afin que de bonnes élections soient tenues », annonçait le porte-parole du gouvernement.