La plateforme de l’opposition, le Parti démocratique de Côte d’ Ivoire (PDCI) et Lider ne parlent pas le même langage avec Amadou Gon Coulibaly à propos de la réforme de la CEI (Commission électorale indépendante). Ces partis de l’opposition ont boycotté une rencontre prévue avec le Premier ministre ivoirien.
Amadou Gon Coulibaly peine à convaincre l’ opposition ivoirienne
La rencontre entre Amadou Gon Coulibaly et l’opposition, portant sur la réforme de la Commission électorale indépendante, n’a pas eu lieu comme prévu le mercredi 19 juin 2019. Le PDCI (Parti démocratique de Côte d’ Ivoire), la plateforme politique EDS (Ensemble pour la démocratie et la souveraineté), le groupe des 23 partis politiques de l’opposition et LIDER (Liberté et démocratie pour la République) n’ont pas daigné répondre à l’invitation du Premier ministre ivoirien. Au cours d’une conférence de presse tenue le mercredi à la maison du parti du PDCI, ils ont livré les raisons de leur absence auprès d’ Amadou Gon Coulibaly.
L’opposition ivoirienne a reconnu que « la question de la réforme du cadre juridique et institutionnel régissant les élections en Côte d’Ivoire préoccupe, depuis près d’une décennie, l’opinion publique nationale en général et singulièrement les acteurs politiques et les organisations de la société civile ». Franck Anderson Kouassi, porte-parole de l’opposition, a fait savoir que « la décision de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples en date du 18 novembre 2016 sur la saisine de l’ONG APDH, se présente comme une véritable chance pour la mise en œuvre d’une telle réforme ». Il a aussi noté que « le gouvernement ivoirien a fait la sourde oreille à l’injonction de la Cour africaine, pendant plus de deux ans, allant jusqu’à l’assimiler à une recommandation non contraignante ».
La Plateforme politique Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), le groupe des 23 partis politiques de l’opposition, et LIDER ont signalé aux autorités ivoiriennes « qu’au regard de notre histoire récente et des expériences douloureuses que la Côte d’Ivoire a vécues, une large concertation s’impose aujourd’hui sur l’ensemble du cadre juridique et institutionnel devant régir les élections dans notre pays ». Cependant, note Franck Anderson Kouassi, « le gouvernement a opté pour des consultations séparées avec les différents acteurs en vue du réexamen de la composition de la CEI, rejetant toute idée de concertation tripartite, qu’il a assimilée, par caricature, au modèle des conférences nationales des années 90 en Afrique ». Ce qui a fait naitre une profonde divergence entre le pouvoir et l’opposition.
La plateforme EDS et le PDCI restent convaincus que « l’ouverture d’une concertation large et inclusive, pour des élections démocratiques et apaisées, instaurera un climat de décrispation qui rassurera et permettra de traiter sereinement la question de la réconciliation nationale et celle de l’environnement sécuritaire des élections en Côte d’Ivoire ».
Pour sa part, Amadou Gon Coulibaly a présidé le mercredi 19 juin le dialogue sur la réforme de la CEI. « Plusieurs rencontres se sont tenues, marquées par des discussions ouvertes et franches, afin de doter notre pays d’un cadre juridique consensuel qui contribuera à des élections libres, transparentes et apaisées en 2020 », a-t-il déclaré.
Et le chef du gouvernement d’ajouter : « Nous arrivons à la phase de propositions concrètes que nous ferons bientôt aux acteurs pour pouvoir clore ce dossier ». Mais pour l’heure, Amadou Gon Coulibaly a du mal à faire asseoir la plateforme EDS, le PDCI, les 23 partis de l’opposition et LIDER à la table des discussions. La question est de savoir si l’ex-secrétaire général de la présidence de la République osera réformer la CEI sans ces entités.