Le projet de loi sur la CEI (Commission électorale indépendante), adopté en Conseil des Ministres par le président de la République, Alassane Ouattara et ses ministres, ne fait pas l’unanimité en Côte d’Ivoire. Dans une publication sur les réseaux sociaux, Mamadou Traoré, un proche de Guillaume Soro, dénonce cette loi puis revient sur les élections de 2010.
« Il va sans dire que le pouvoir dominera obligatoirement la nouvelle CEI », dénonce Mamadou Traoré
« J’ai parcouru avec un intérêt particulier le communiqué du gouvernement portant sur le projet de loi sur la CEI. N’ayant pas encore en possession ce projet de loi, mes observations porteront sur la composition de cette nouvelle CEI. De prime abord, il faut noter que dans son communiqué, le gouvernement veut nous faire passer le message suivant: »Soucieux du respect des droits de l’homme et respectueux des recommandations d’une structure sous régionale qu’est la cour africaine des droits de l’homme, le gouvernement a décidé de mettre en œuvre l’arrêt produit par cette structure concernant l’équilibre de la CEI. »
On pourrait féliciter le gouvernement pour cet acte pris. Mais ne soyons pas dupes. Derrière cet acte, il y a, à mon avis, des intentions cachées. Celles de dominer, sous une forme voilée, la nouvelle CEI. On nous dira qu’il y a équilibre entre les partis au pouvoir et les partis de l’opposition avec chacun trois représentants. Ce n’est qu’un équilibre factice.
Car, en plus des trois représentants des partis au pouvoir, il y a le représentant du Chef de l’État et celui du Ministre de l’intérieur qui sont proches du pouvoir. En outre, le représentant de la commission nationale des droits de l’homme, qui siège dans cette nouvelle CEI, ne pourra pas démontrer sa neutralité vis à vis du pouvoir, surtout que cette institution, qui est entretenue par l’État, ne s’est jamais prononcée par peur sur les violations constantes des droits de l’homme en Cote d’Ivoire.
Si on ajoute parmi les organisations de la société civile celles qui seront forcément proches du pouvoir, il va sans dire que le pouvoir dominera obligatoirement la nouvelle CEI. Et c’est un grand risque pour les élections à venir. Sur donc les 15 représentants qui siégeront au sein de la CEI, le parti au pouvoir risque de se retrouver avec au moins dix qui lui sont proches. Dans ce cas, soyez convaincus que c’est l’un des représentants du parti au pouvoir qui raflera la Présidence de la CEI suite à une élection.
« Contraindre le nouveau Président de la CEI à donner les bons résultats »
Et ainsi présenté, ne soyons pas surpris que ce dernier vienne déclarer le parti au pouvoir vainqueur après avoir manipulé les résultats. Je rappelle que c’est parce que lors des élections de 2010, l’opposition était majoritaire à la CEI que le parti au pouvoir n’a pas réussi son passage en force. Et nous savons comment Guillaume Soro, avec l’appui de son fidèle lieutenant Soul To Soul, a réussi à exfiltrer le Président de la CEI de l’époque de son domicile, pendant qu’il était poursuivi par le pouvoir en place.
Nous savons également comment, Guillaume Soro a convaincu ce dernier à faire sa déclaration à l’hôtel du golf dans les conditions que nous savons. Dans mon livre sur Guillaume Soro, je parlerai en détail de cet épisode. S’il n’y avait pas eu ces deux là, Guillaume Soro et Soul To Soul, cette déclaration du Président de la CEI n’aurait pas eu lieu. Et Laurent Gbagbo serait encore au pouvoir.
Si donc en 2020, il n’y a pas des hommes comme Guillaume Soro et Soul To Soul pour contraindre le nouveau Président de la CEI à donner les bons résultats, soyons tous convaincus que le pouvoir se chargera de l’effrayer et de l’obliger à donner de faux résultats. Soyons donc vigilants. Demain, je ferai mes propositions avant que ce projet de loi n’arrive sur la table des députés. Une chose est sûre et certaine, cette CEI est tout sauf équilibrée. Elle sera tout sauf indépendante ».
NB: Les titre, sous-titres et chapeau sont de la rédaction